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VILLE-RÉGION

La ville-région s’impose comme une piste de solution possible quant au développement des villes contemporaines, aux prises des problématiques illustrées précédemment. Le terme de ville-région (city region) est en vigueur depuis les années 50, principalement utilisé par les urbanistes, les économistes et les planificateurs urbains, désignant une région métropolitaine, une conurbation ou un regroupement de municipalités, ayant (mais pas exclusivement) une administration partagée, des ressources communes et des polarités complémentaires. Cette notion intègre en un tout, centre-ville, villes denses, banlieues et hameaux. Ce concept partage souvent un centre des affaires, des infrastructures économiques (port, aéroport, …), culturels (université, musées), un réseau de transport collectif fonctionnant comme une même entité, d’un même lien. Cette notion vise donc une décentralisation des instances économiques et une meilleure répartition à l’échelle du territoire.

 

« Regional development emphasizes the role of cities as hubs of international knowledge networks and increasingly recognizes the need for urban regeneration » (Kidokoro, 2008 : 4)

 

La ville-région se décline en quatre composantes essentielles : spatiale, économique, sociale et politique. 

 

L’aspect spatial se décortique en une ou plusieurs régions métropolitaines s’ancrant dans le territoire de façon polycentrique. La ville-région propose donc un modèle d’organisation en hubs et clusters interconnectés, permettant un maillage être les diverses morphologies urbaines. La multidisciplinarité et la multiscalarité de ses infrastructures sont de mise. Ainsi, le centre-ville n’est plus la seule entité vers laquelle une convergence est acceptée.

 

L’aspect économique propose une augmentation et une intensification des services et équipements, par la mise en place de hubs, afin de contenir la concurrence qui fragilise les différents pôles. Cette mise en interrelation permet une coopération urbaine et locale afin de mieux répartir ses équipements sur l’ensemble du territoire. Ainsi, un pôle universitaire, un pôle portuaire et un pôle muséal seront mis en connexion par un réseau de transports collectifs efficaces. Chaque pôle se définira en ville dans la ville, possédant chacun leur échelle humaine et leurs commerces de proximité. De plus, les limites de la ville-région se déploieront nécessairement en fonction de l’intensité des activités économiques. La ville-région tend également à éviter la création de secteurs faibles, en diversifiant l’offre. Le développement durable est également au cœur de ce principe.

 

L’aspect social se transpose dans la variété et la mixité des usages. Le développement urbain se crée et se développe également le long des nouveaux axes de transport collectif (smart growth), de corridor de nature et d’espace public accessible par la population locale. La ville-région permet de ne plus voir chaque ville comme entité isolée, mais comme un réseau uni. Ainsi, les usagers et habitants développent un sentiment d’appartenance à leur environnement immédiat. Les hubs sont alors perçus comme espace appropriable, les gens qui y vivent peuvent y travailler, s’y récréer, s’investir dans la communauté et développer une notion identitaire. La ville-région propose alors une autosuffisance de chaque hub à l’échelle locale, reliée à des pôles complémentaires de plus grande envergure.

 

L’aspect politique touche les liens et les dialogues qui s’établissent entre les différentes instances de décision, qu’elles soient régionales (gouvernement, agences de transport, député, …), municipales (hôtel de ville, mairies, association, …) et locales (initiative citoyenne, quartier, …). Cet aspect est d’une importance capitale à une bonne réalisation de la ville-région. L’application du principe de ville-région peut naître d’un plan directeur visionnaire et d’interventions planifiées. C’est le cas, notamment, de Copenhague (Danemark). Par la planification de son réseau ferroviaire, la ville s’est développée le long de ses axes, reliant le centre historique au reste du territoire. Le principe peut également s’appliquer par la jonction de centres économiques existants qui se font concurrence. Une couture entre ses différentes urbanités est alors souvent nécessaire. C’est le cas de la ville de Lille (France) qui, par l’arrivée du TGV et de l’Eurostar (connexion ferroviaire avec Londres), a su développer son réseau et son pouvoir économique. Entre autres, Lille devint le centre économique de la région, Villeneuve-d’Ascq accueillit les campus universitaires et Roubaix, de nombreux musées d’envergure.

 

En résumé, le ville-région est une manière d’unifier des urbanités distinctes, de bénéficier de leurs différences et de bonifier l’expérience qu’offre le contexte de la ville. Lié et connecté par un réseau de transport collectif fort, la ville-région cherche à réaffirmer son identité collective.

COPENHAGUE, DANEMARK

Par les auteurs (2014)

PAR INTERVENTIONS PLANIFIÉES                                      

PAR PÔLES ÉCONOMIQUES EXISTANTS                              

LILLE, FRANCE

Par les auteurs (2014)

KIDOKORO, Tetsuo et al. (2008). Sustainable city regions : space, place and governance. Library for Sustainable Urban Regeneration. Vol.7. New York : Springer. 334 pages.

 

MAAS, Winy (MVRDV). (2014) What makes a successful city region ? Conférence dans le cadre du Colloque Architecture + Design Scotland. Présentée le 10 juillet 2014.

 

NEUMAN, Michael, HULL, Angela. (2011) The futures of the city region. Cambridge : Routledge, 144 pages.

 

REVETZ, Joe (2000). City-region 2020 : integrated planning for a sustainable environment. New York : Earthscan, 307 pages.

 

SANCTON, Andrew (2008). The limits of boundaries : why city regions cannot be self governing. Montreal : McGill-Queen’s University Press, 192 pages.

 

SIMMONDS, Roger (2001). Global city regions : their emerging forms. New York : Spon Press, 286 pages.

 

 

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